Le Parisien du 24/11 nous l'apprend :
Depuis la fermeture du bloc chirurgical de nuit à l’hôpital Marc-Jacquet, en avril, des praticiens expriment leur inquiétude. Pour la troisième fois hier, on a frôlé le pire.
Depuis la fermeture, entre 18h30 et 8 heures du matin, du bloc chirurgical de nuit de l’hôpital Marc-Jacquet à Melun, au profit de
celui de Montereau, le 6 avril dernier, trois incidents graves ravivent les inquiétudes des professionnels de l’établissement. Ils avaient déjà émis les plus grandes réserves quant à la
nouvelle organisation décidée par la direction.
Elle prévoit qu’en cas d’impossibilité de transport du patient, il est opéré au bloc chirurgical de la maternité.
C’est ce qui s’est passé dans la nuit de dimanche à lundi. Un homme déjà hospitalisé a été victime d’une rupture de la rate. Un cas qui
peut être mortel s’il n’est pas traité très vite. Chaque minute compte. Jugé intransportable à Montereau par le Samu, il a été orienté au bloc chirurgical de la maternité de l’hôpital de Melun.
Problème: l’anesthésiste de service était occupé avec une parturiente. Et le second anesthésiste, d’astreinte chez lui, n’a pu être joint tout de suite.
« Un jour, on va avoir un mort »
L’administrateur de garde a donc contacté directement le chef de service d’anesthésie qui s’est déplacé. Combien de temps s’est écoulé ? En tout cas, le patient a pu
être sauvé.
« On travaille dans des conditions déplorables. Un jour, on va avoir un mort. Il faut que les
tutelles prennent leurs responsabilités. On ne peut pas continuer comme ça! » s’enflamme un professionnel.
Déjà, dans la soirée du 7 au 8 juin, deux cas avaient causé des frayeurs au personnel. Un garçon âgé de 10 ans était arrivé à l’hôpital en pleine
hémorragie pour une rupture de la rate, en même temps qu’une octogénaire qui souffrait du même problème. Mais l’anesthésiste présent à la maternité s’occupait d’une césarienne… Au final,
l’octogénaire a été transportée à Clamart (Hauts-de-Seine) et le garçon de 10 ans opéré deux heures plus tard, une fois l’anesthésiste disponible…
Dès le printemps, chirurgiens et anesthésistes ont signalé leur inquiétude. « Faute d’organisation béton, ce projet nous semble dangereux
pour les patients. » Les anesthésistes ont même écrit à leur direction pour rappeler que « leur mission doit se consacrer à la maternité et à la gynécologie dans un site qui totalise
2500 accouchements par an ».
Déléguée CGT, Fabienne Bezio enrage. « Depuis le début, on a dit dans toutes les instances que le nouveau protocole n’assure pas
une sécurité du patient à 100 %. Mais les personnels de santé du public sont fonctionnaires, bloqués par le devoir de réserve ». Conseiller général du canton et membre du conseil
d’administration, Jacky Laplace (DVG) s’étonne: « J’avais voté contre le transfert des urgences chirurgicales de nuit à Montereau, une question de bon sens, vu le bassin de population de
Melun-Sénart. Après les cas inquiétants de juin, j’ai écrit au maire de Melun, président du conseil d’administration. Je n’ai jamais eu de réponse. Et jamais la question n’a été posée au conseil
d’administration. »
La directrice adjointe de l’hopital, Céline Dugast, tient à calmer le jeu : « La nuit dernière, le protocole a bien fonctionné et le patient a pu être pris en
charge dans de bonnes conditions de sécurité, avec des professionnels compétents. C’est vrai qu’on a du mal à combler les postes d’anesthésistes vacants. On est en perpétuelle
recherche… »